Archive for the 'Litterature' Category

Les 12 Royaumes

Les 12 Royaumes - Couverture

Les 12 Royaumes - La Mer de l'Ombre T1 - Couverture

Les 12 Royaumes - La Mer de l'Ombre T2 - Couverture

Les 12 Royaumes - La Mer de l'Ombre T2 - Couverture

Vous n’imaginez pas ma surprise lorsque, au détour du rayon jeunesse d’une grande enseigne culturelle, je suis tombé sur quelques romans dont la couverture, illustrée par un dessin visiblement japonais, m’a intrigué.

Qui plus est, le logo « Les 12 Royaumes » ne m’était pas inconnu. Je me suis souvenu avoir déjà vu des épisodes d’une série animée du même nom.

La curiosité l’a emporté, et je me suis procuré les deux premiers volumes, intitulés « La mer de l’ombre », tomes 1 et 2. Je tire au passage mon chapeau au éditions Milan d’avoir osé sortir ces romans si typiquement japonais, alors que la littérature pour jeunes s’en tient en général au plus petit dénominateur commun (combien de plagiats de Harry Potter ces dernières années?).

L’histoire peut sembler classique : Yôko est une jeune fille sans histoire. Lycéenne, effacée, elle ne désire qu’une chose, rentrer dans le moule. D’ailleurs, ses cheveux roux, presque rouges, sont un problème pour elle car ils sont très mal vus par ses amies et les professeurs qui sont persuadés qu’elle les teints (chose que toute personne respectable ne ferait jamais). Son autre problème, ce sont ces cauchemars qui n’en finissent pas. Une nuée de monstres est à sa poursuite et se rapproche chaque nuit un peu plus.

Puis un jour ce jeune homme au long cheveux blonds débarque dans son lycée, s’agenouille devant elle, et lui demande de la suivre. Le cauchemar prend vie lorsqu’ils se retrouvent attaqués par les monstres qu’elle voyait en rêve.

On a affaire là à une excellent histoire de fantasy nippone, qui respecte les clichés habituels de la quête initiatique tout en sachant donner un côté très humain aux protagonistes. La jeune Yôko est plongée dans un monde qu’elle ne comprend pas. Le lecteur découvre le fonctionnement des 12 Royaumes en même temps qu’elle. En cela, il faut voir cette histoire comme ce qu’elle est réellement : l’introduction à ce vaste monde qu’est celui des 12 Royaumes.

Et au vu du nombre de volumes, on n’en a pas fini.

K.

Autonomie : La Liberté de Pensée

« Autonomie : La Liberté de Pensée » est une excellente fiction écrite par Jean-Michel Smith et traduite de l’anglais par Thomas Tempé, Frédéric Henry, Thibaud Choné, Germain Chazot, Cédric Corazza, Toto Litoto, Arno Renevier, Benoit Audouard, Elisée Maurer, Thierry Pierron, Mathias Le Griffon, Stéphane Gimenez et Joëlle Cornavin.

Cette oeuvre est disponible sous licence Creative Commons 2.0 Paternité – Partage à l’identique (attribution, share-alike). C’est à dire que vous êtes libre de reproduire, distribuer et communiquer cette création au public, ainsi que de la modifier, du moment que vous citez l’auteur et les traducteurs, et que le travail qui en résulte soit disponible sous les mêmes conditions.

Pourquoi est-ce que tout ces salamalecs sur les droits d’auteur sont indispensables? Laissez-moi vous résumer cette histoire :

Dans un futur pas si lointain, les grosses sociétés sont toutes puissantes. Tout ce qui pouvait être breveté l’a été, le code génétique, les produtions artistiques, les logiciels, les technologies… L’innovation devient tout bonnement impossible, puisque toute tentative d’invention finit par se heurter à des brevets « préventifs » déposés contre espèces sonnantes et trébuchantes par ces entreprises toutes puissantes. Pas moyen d’utiliser un ordinateur avec un autre système d’exploitation que celui qui a été vendu avec. Internet n’est plus qu’une vaste vitrine publicitaire, ou seul les contenus filtrés, dûment autorisés sont disponibles.

Dans un mouvement qui rappelle bien-sûr les débuts de l’informatique et d’Internet, quelques scientifiques mettent au point un système révolutionnaire leur permettant de charger leur conscience dans un environnement informatisé, et mènent en simulation les expériences qu’ils ne pouvaient pas lancer dans le réel à cause des contraintes légales.

S’en suit une véritable chasse aux sorcières à l’encontre de ces dangereux rebelles qui pensent pouvoir aller à l’encontre des organisations mondiales, garantes de la protection de la propriété intellectuelle et des brevets.

Cette fiction n’en est pas forcément une. Il suffit de voir le mécontentement des employés de l’Office Européen des Brevets (article de Numérama) qui décrient le système actuel, responsable pour eux « [...] de favoriser l’octroi de titres de brevets pour tout et n’importe quoi, en accordant des brevets avec une formidable largesse à n’importe qui en fait la demande ».

Pour rappel, 30 000 brevets logiciels ont étés octroyés en Europe de manière préventive, alors qu’ils sont toujours interdits dans nos contrées. Y-aurait-il un soupçon de lobbying quelque part? C’est fort possible.

Mais il est également dans l’intêret des bureaux des brevets d’accepter un maximum de demandes. Non pas parce qu’ils « favorisent l’innovation », comme on nous le répète bien souvent, mais parce que chaque brevet apporte une manne d’argent bienvenue. En effet, le dépôt de brevet se paie, cher. Et l’entretenir coûte tout autant. De plus, dans un phénomène de cercle vicieux, on en est venu à mesurer l’innovation d’un pays en fonction du nombre de brevets déposés!

Mais que demande le peuple, alors? Faut-il devenir des bolcheviks? Faut-il qu’une invention appartienne à tous, peu importe ce qu’elle aura coûté en recherche? Va t’on déposséder l’inventeur du fruit de son labeur?

C’est en tout cas ce que les grosses boîtes prétendent, en se servant de l’image du pauvre artiste, de l’inventeur solitaire, qui se voit dépouillé par les pirates. Et ces sociétés de s’ériger en défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Les brevets, conçus à l’origine pour protéger les inventeurs, servent désormais à assurer une manne financière à ceux qu’ils l’ont déposé, ou à empêcher d’autres de travailler sur le domaine concerné. D’une protection, ils sont devenus une arme. Si la lettre de la loi est respectée, son esprit s’en est allé.

Ce que le peuple éclairé qui a un peu réfléchit au problème demande, c’est de l’intelligence dans les dépôts de brevets.

- Il faut laisser le temps et les ressources aux bureau des brevets pour étudier chaque demande de manière critique! Cela veut également dire chasser le lobbying et la corruption.

- Il ne faut pas oublier qu’on ne doit pas breveter une idée, un concept, mais seulement son implémentation. On a le droit ‘de faire pareil’, du moment qu’on ne copie pas l’invention (il s’agit dans ce cas d’une contrefaçon). Le cas des brevets logiciels est directement concerné. Breveter le concept de « stocker temporairement un flux d’information entre un émetteur et un recepteur fonctionnant à différentes vitesses » obligerait quiconque met en place un système de cache à payer des royalties à celui qui dépose cette idée. Hallucinant!

- Il faut réduire la durée des brevets, en particulier sur les médicaments. Et accepter que dans des cas de force majeure, le brevet devienne caduque (lutte contre une épidémie mortelle, par exemple).

Bon, d’autres personnes, bien meilleures et plus éloquentes que moi, se sont déjà exprimées sur ces sujets (et ne manqueront pas de le faire encore). Rappelez-vous. Nous ne sommes pas contre les brevets, mais contre leurs abus! A nous de rester vigilants.

K.

Le Geek Quiz

Bon, je crois que j’aurais pu faire mieux. Mais c’est déjà pas mal, je trouve.

80% Geek

K.

Microserfs

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Il est toujours difficile de parler d’un livre qu’on a aimé. Vraiment aimé. C’est finallement très intime comme sujet. Cela dévoile des choses sur vous que vous ne voulez peut-être pas révéler.

Microserfs, de Douglas Coupland, fait, pour moi, partie de ces livres.

Mais de quoi s’agit-il?

Microserfs se passe au début des années 90. La micro-informatique s’est bien installée dans les entreprises, les particuliers peuvent s’équipper sans se ruiner avec des compatibles PC (c’est l’époque du 486). Le monde de l’informatique en général semble faire une pause après une évolution plutôt effrénée. Les termes « Autoroute de l’Information » et « Multimédia » sont utilisés à toutes les sauces, à tort et à travers, et la bulle internet ne fait que se profiler à l’horizon.

Chez Microsoft, un groupe de collègues / collocataires trime pour assurer la sortie d’un produit. L’un d’entre eux, Dan, se décide à commencer un journal intime électronique pour libérer un peu de pression. Et voilà.

A une époque où le blog n’existait pas, Coupland nous fait partager la vie et les déboires de ces Microserfs, asservis à la moindre volonté du seigneur féodal qu’est Bill. Féodalité rassurante pour certains, pesante pour d’autre. La perspective de passer sa vie en tant que Microserfs se pose à notre groupe de Geeks quand l’opportunité de participer à un autre projet se présente.

Je n’en dirait pas plus sur l’intrigue. Il ne s’agit pas là d’une description du travail chez Microsoft à l’époque. Cela n’occuppe qu’une partie infime du livre. Nous avons là une histoire très humaine sur les relations qu’entretiennent les geeks vis à vis d’autrui. Ce livre est quasiment une étude sociologique sur l’informaticien dans son milieu naturel.

Travailler de 10 heures à 2 heures du matin, même le dimanche. Star Trek. Régime Pizza/Coca. Métaphysique. Science. Question stupides. Reflexions sur soi-même et sur l’autre. Lego. Ce livre est bourré de références, d’idées, de petites phrases mémorables…

Si vous êtes quelqu’un pour qui l’informatique est plus qu’un travail, mais aussi une culture à part entière, ce livre va vous plaire. Vous risquez même d’adorer.

Si vous avez, dans votre entourage, un(e) informaticien(ne), un(e) geek, un(e) vrai, lisez ce livre. Vous aurez peut-être la chance de le/la comprendre mieux. Au pire, vous aurez lu un bon livre. Et après, prêtez-lui.

Personnellement, j’ai été fasciné. Et un peu effrayé. A l’époque où je l’ai lu la première fois, et même maintenant, dix ans plus tard, je trouve cette histoire toujours aussi juste. Il ne se passe pas un chapitre sans que je me dise : « c’est vrai, c’est exactement ça », ou « je suis comme ça moi aussi ».

Plus effrayant, j’en suis venu à jalouser ces personnages, qui ont bravé l’incertitude, ont travaillé dur pour leurs rêves, qui sont devenus plus que des collègues, plus que des amis. Presque une famille. Bref, une reconnaissance à laquelle nous aspirions tous.

C’est un livre plein d’émotions.

Mais ne me croyez pas sur parole. Le livre est disponible en version originale. Il est disponible en français. Achetez-le. Cherchez-le à la bibliothèque et si ils ne l’ont pas, faites-le commander.

Je me garde quelques jours pour m’en remettre, et je m’attaque à JPod, du même auteur, annoncé comme la suite spirituelle de Microserfs. Sera-t-il à la hauteur?

K.

World War Z : An oral history of the Zombie War

Il y a des auteurs pour lesquels on s’inquiète. Prenez comme exemple Max Brooks.

Il avait déjà commis un livre particulièrement interressant et franchement parano, le Zombie Survival Guide, qui vous explique la meilleure manière d’échapper aux Zombies et de luter contre eux en cas d’invasion.

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Il couvre de nombreux points cruciaux, comme le fait que les armes automatiques et semi-automatiques sont loin d’être idéales dans la lutte contre les zombie, comme les mines et les grenades, d’ailleurs. Non, il vous faut un fusil, chaque munition doit compter. Viser la tête, c’est le seul moyen de détruire le cerveau. De plus, l’arme blanche est fortement conseillée, au cas où vous en venez aux mains. Une bonne batte de base-ball (en bois, l’aluminium ne tient pas après plus d’une dizaine de crânes), ou un bon katana pour trancher les cous de ces monstruosités.

Il vous explique aussi comment se barricader pour luter contre la menace zombie. Choisissez un lieu en hauteur de préférence, dont vous contrôlez parfaitement les accés, qui doivent être le moins nombreux possibles. Ayez des provisions, ayez des armes (voir plus haut). Les Zombies sont de mauvais grimpeurs, servez-vous de leurs défauts.

Bref, le premier essai était plutôt réussi, avec à la fin une chronologie des contacts et des clashs avec les zombies de la préhistoire à nos jours.

Mais cela n’était qu’un avant-goût!

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Dans World War Z : An oral history of the Zombie War, Brooks va plus loin. Cet ouvrage n’est pas juste une suite ou un complément au Zombie Survival Guide. Il commence là où s’est arrêtée la chronologie présentée dans le Guide, mais sa valeur litteraire (si on peut appeler ça comme ça) et narrative est beaucoup plus grande.

A travers les expériences des différents survivants de World War Z, la guerre contre les Zombies, présentées sous forme d’interviews, se dévoile toute l’horreur d’un conflit mondial et de la plus grande menace qu’aie rencontré l’humanité : l’extinction à court terme.

Même si le sujet est particulier (on ne va pas prendre au sérieux un livre qui parle d’une invasion de zombie, quand même?), il ne faut pas voir cet ouvrage comme un livre d’horreur, mais bien comme une politique-fiction. Brooks se pose une question simple : comment vont réagir les différents pays du monde face à la menace?

La chine et ses milliards d’habitants, les USA et leur armée ultra-technologique, Israel et son plan de bunkerisation, les différents témoignages montrent que la menace n’est d’abord pas prise au sérieux par les autorités mondiales. Mais très vite, et parfois trop tard, elles réagissent, chacun y allant de sa tentative de se débarasser du fléau, de le contenir, de le contrôler.

On trouve quelques belles reflexions dans ce livre, comme « les armées sont toujours prêtes à refaire la guerre précédente », sous-entendu qu’elles ne sont jamais aptes à s’adapter à la guerre actuelle. On trouve aussi des temoignages de personnes qui ont certes survécu, mais dont l’esprit n’en est pas sorti indemne, comme le concepteur du plan Redekker en Afrique du sud, ou cette pilote américaine qui s’est écrasée en plein millieu d’une zone infestée de zombie, et qui n’a dû sa survie qu’à ses discussions avec une radio-opératrice que personne n’a jamais vu…

C’est un ouvrage vraiment original et intéressant, en alliant le côté humain (à travers ces interviews), le côté politique, et l’horreur qui se dévoile au fur et à mesure des discussions avec ces survivants et ces vétérans d’une guerre où chaque mort d’un côté se relève de l’autre.

K.