Le Garçon du Train

Le manga ‘Le Garçon du Train‘ (‘Densha Otoko‘) vient de sortir chez Taifu Comics (3 volumes, 2 encore à paraître).

Merci à mon dealer habituel de me l’avoir prêté.

L’histoire peut sembler classique : Le protagoniste principal est Yamada Tsuyoshi, un jeune homme tout ce qu’il y a de plus normal. Il est timide, un peu maladroit, et otaku. Sa vie se partage entre un boulot alimentaire, son petit appartement rempli de manga, DVDs et goodies, et ses voyages à Akihabara, le quartier éléctrique de Tokyo, véritable paradis des otakus.

Il ne demande que le calme. Il lui arrive de fantasmer qu’il tient tête à ses patrons, où qu’il dit ses quatres vérités à un ivrogne, mais ça ne va pas plus loin.

Attention ! quelques spoilers :

Pourtant, en revenant d’Akiba par le train, il retombe sur cet ivrogne qu’il n’a pas confronté. Celui-ci commence à géner les autres passagers, quelques dames et une jeune femme. Sans vraiment réfléchir, il s’interpose. Il reçoit un coup de poing pour sa peine et se fait voler la vedette par un salaryman.

Une fois de retour chez lui, étonné de sa propre réaction, il se connecte sur Internet et fait part anonymement de son expérience sur un channel de discussion très connu.

Commence alors la véritable histoire du ‘Garçon du Train‘ (le pseudo qu’à choisi Tsuyoshi sur le channel). Il va suivre les conseils de ces internautes anonymes pour retrouver Hermés, la jeune fille, tandis que ceux-ci suivent avec attention l’histoire qui se déroule sous leurs yeux.

Cette histoire est devenue rapidement culte au Japon, car elle est présentée comme véridique par ses auteurs. Elle a d’abord été vue sur le forum 2-channel (ni-chan), puis est devenue un roman, un film et une série télévisée (et aussi quelques manga).

Son originalité vient du fait qu’elle présente les otakus d’une manière très réaliste. Des gens qui ont du mal à vivre en société pour des raisons diverses, mais qui au fond ont un coeur immense.

Le protagoniste principal fantasme (en tout bien tout honneur) sur la jeune fille qu’il a rencontré. Cela peu sembler malsain à certaines personnes, mais quiconque a déjà croisé quelqu’un et s’est dit « je n’oserais jamais l’aborder » peut se reconnaître chez lui. Il espère juste qu’elle l’ait remarqué, lui, un moins que rien.

La manière dont les membres du channel vivent cette histoire, totalement par procuration, peut également déranger. Il y a là un côté qu’on pourrait croire voyeur. Mais ils sont un élément à part entière de l’histoire, tout aussi actifs que les personnages principaux, en donnant de nombreux conseils à Tsuyoshi et en l’accompagnant de leurs voeux. Une attitude qui contredit cette notion de voyeurisme, qui s’accompagne en général de passivité.

Je crois que je comprends un peu l’engouement qu’ont pu avoir les japonais pour cette histoire, un peu fleur bleue, d’un vilain petit canard otaku que les circonstances ont fait croiser un joli cygne. Les contes de fées pour otakus existent.
K.