Microserfs

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Il est toujours difficile de parler d’un livre qu’on a aimé. Vraiment aimé. C’est finallement très intime comme sujet. Cela dévoile des choses sur vous que vous ne voulez peut-être pas révéler.

Microserfs, de Douglas Coupland, fait, pour moi, partie de ces livres.

Mais de quoi s’agit-il?

Microserfs se passe au début des années 90. La micro-informatique s’est bien installée dans les entreprises, les particuliers peuvent s’équipper sans se ruiner avec des compatibles PC (c’est l’époque du 486). Le monde de l’informatique en général semble faire une pause après une évolution plutôt effrénée. Les termes « Autoroute de l’Information » et « Multimédia » sont utilisés à toutes les sauces, à tort et à travers, et la bulle internet ne fait que se profiler à l’horizon.

Chez Microsoft, un groupe de collègues / collocataires trime pour assurer la sortie d’un produit. L’un d’entre eux, Dan, se décide à commencer un journal intime électronique pour libérer un peu de pression. Et voilà.

A une époque où le blog n’existait pas, Coupland nous fait partager la vie et les déboires de ces Microserfs, asservis à la moindre volonté du seigneur féodal qu’est Bill. Féodalité rassurante pour certains, pesante pour d’autre. La perspective de passer sa vie en tant que Microserfs se pose à notre groupe de Geeks quand l’opportunité de participer à un autre projet se présente.

Je n’en dirait pas plus sur l’intrigue. Il ne s’agit pas là d’une description du travail chez Microsoft à l’époque. Cela n’occuppe qu’une partie infime du livre. Nous avons là une histoire très humaine sur les relations qu’entretiennent les geeks vis à vis d’autrui. Ce livre est quasiment une étude sociologique sur l’informaticien dans son milieu naturel.

Travailler de 10 heures à 2 heures du matin, même le dimanche. Star Trek. Régime Pizza/Coca. Métaphysique. Science. Question stupides. Reflexions sur soi-même et sur l’autre. Lego. Ce livre est bourré de références, d’idées, de petites phrases mémorables…

Si vous êtes quelqu’un pour qui l’informatique est plus qu’un travail, mais aussi une culture à part entière, ce livre va vous plaire. Vous risquez même d’adorer.

Si vous avez, dans votre entourage, un(e) informaticien(ne), un(e) geek, un(e) vrai, lisez ce livre. Vous aurez peut-être la chance de le/la comprendre mieux. Au pire, vous aurez lu un bon livre. Et après, prêtez-lui.

Personnellement, j’ai été fasciné. Et un peu effrayé. A l’époque où je l’ai lu la première fois, et même maintenant, dix ans plus tard, je trouve cette histoire toujours aussi juste. Il ne se passe pas un chapitre sans que je me dise : « c’est vrai, c’est exactement ça », ou « je suis comme ça moi aussi ».

Plus effrayant, j’en suis venu à jalouser ces personnages, qui ont bravé l’incertitude, ont travaillé dur pour leurs rêves, qui sont devenus plus que des collègues, plus que des amis. Presque une famille. Bref, une reconnaissance à laquelle nous aspirions tous.

C’est un livre plein d’émotions.

Mais ne me croyez pas sur parole. Le livre est disponible en version originale. Il est disponible en français. Achetez-le. Cherchez-le à la bibliothèque et si ils ne l’ont pas, faites-le commander.

Je me garde quelques jours pour m’en remettre, et je m’attaque à JPod, du même auteur, annoncé comme la suite spirituelle de Microserfs. Sera-t-il à la hauteur?

K.

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